Les biais cognitifs, d’après votre comptable
- Un biais cognitif est un mécanisme de raisonnement qui peut altérer votre jugement.
- Un biais cognitif peut durablement affecter le développement de votre entreprise.
- Les biais cognitifs avancent masqués. Quelle que soit votre décision, vous aurez l’impression qu’elle est plus objective qu’elle ne l’est en réalité. Surtout dans une situation d’incertitude.
Comment fonctionnent les biais cognitifs ?
- Système 1 : le raccourci. C’est le mode de pensée que privilégie notre cerveau. Peu énergivore, il est fondé sur notre capacité à répondre rapidement aux stimuli externes, en élaborant des scénarios convaincants. On l’appelle aussi l’intuition. Son point faible : il provoque souvent un raisonnement simpliste.
Exemple. Vous cherchez un prestataire pour réaliser une vidéo promotionnelle de votre restaurant. Vous rencontrez deux experts, aussi compétents l’un que l’autre. Seule différence : l’un des experts est aussi passionné de cuisine que vous. Vous choisissez celui-là, non à cause de son expérience, mais parce que cette similitude vous rassure.
- Système 2 : l’analyse. Celui-ci exige une plus grande concentration. Il s’active lorsque nous faisons face à un problème complexe, ou lorsque le système 1 (l’intuition) se révèle inefficace.
Exemple. Avant de découvrir cet article, vous pensiez peut-être que votre processus de décision était solide. À présent, vous en doutez, ce qui vous amène à être plus attentif(ve) aux informations contenues dans ce texte. À noter : aucun système ne vaut mieux que l’autre. Les deux se complètent, et c’est sur eux que reposent nos biais cognitifs. Leur point commun est d’être redoutablement irrésistibles.
6 biais cognitifs qui orientent vos décisions
L’ancrage
Imaginez : vous souhaitez ouvrir un foodtruck. Sur le site Le Bon Coin, le camion qui vous intéresse coûte 20 000 €. Vous négociez, le vendeur vous le cède à 15 000 €. Vous découvrez ensuite qu’en réalité, le camion coûtait 15 000 €.
Ce qu’il s’est passé : le vendeur s’est servi du biais d’ancrage. Votre cerveau a « associé » le prix affiché à la valeur réelle du camion. Vous êtes donc convaincu(e) de faire une bonne affaire, alors que vous auriez pu l’acheter beaucoup moins cher.
L’heuristique de disponibilité
Ça y est, vous avez obtenu votre CAP de Céramique. Vous cherchez un lieu pour votre boutique. Justement, vos proches vous répètent que ce charmant quartier d’artistes près de votre domicile offre le décor parfait. Galvanisé(e), vous foncez. Pour mettre la clé sous la porte quelques mois plus tard : les clients ne sont pas au rendez-vous.
Ce qu’il s’est passé : plus on nous répète le même message, plus nous le croyons vrai. Et nous oublions de vérifier sa pertinence. Trompé(e) par l’heuristique de disponibilité, vous avez omis de faire une étude de la cible.
La confirmation
L’escalade de l’engagement
Le regret
La complaisance
Déjouer les biais cognitifs : mode d’emploi
La méthode des trois options.
- Quelles seront les avantages de cette décision ?
- À quoi faudra-t-il renoncer si je choisis cette voie ?
- Quelles sont les conséquences pour mon activité ?
- De quelles ressources est-ce que je dispose en cas de problème ?
Se dissocier de ses échecs
L’escalade de l’engagement nous touche particulièrement quand un(e) concurrent(e) fait beaucoup mieux que nous, ou que le marché n’est pas adapté à notre offre. Pour éviter le sentiment d’échec, nous nous acharnons, craignant de jeter l’éponge sur plusieurs années d’effort. Comment sortir de cette impasse ?
- Acceptez que vos échecs ne vous définissent pas. Votre projet était bancal. Pas vous.
- Analysez les manques que vous pouvez combler. Faut-il communiquer davantage ? Changer d’offre ?
- N’ayez pas peur d’envisager un nouveau départ. Rassurez-vous en listant tout ce que vous avez appris en construisant votre entreprise. Cela vous évitera de vous enliser dans le regret. Et vous vous servirez de ces enseignements pour une prochaine aventure.
Testez vos idées
Nous en sommes aussi convaincu(e) que vous : la confiance en soi est essentielle au succès. Cependant, peu de projets se construisent sans l’aide d’un entourage fiable. C’est pourquoi il peut être judicieux de consulter des clients potentiels, ou de lancer une enquête auprès de vos clients existants. En préparant au préalable les questions que vous ne souhaitez surtout pas vous poser :
- Quelles sont les faiblesses de vos idées ?
- Quelles conséquences découleront de votre décision ?
- Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
- Qu’est-ce qui est intéressant chez vos concurrents ?
Déterminer des seuils de décision
Dans l’espoir de remporter un appel à projets, vous avez prévu de baisser le tarif de vos prestations, d’offrir un service supplémentaire, ou de travailler dans des délais très serrés. Comment ne pas vous laisser envahir ?
- Fixez un montant au-delà duquel vous ne diminuerez pas vos prix.
- Décidez du nombre de jours minimum dont vous aurez besoin pour rendre un travail. Misez sur la qualité plutôt que sur une trop grande rapidité.
- Si vous souhaitez offrir un service, déterminez-le à l’avance, et délimitez le temps ou l’énergie que vous voulez lui consacrer.
- Notez chaque seuil de décision, afin de vous inciter vous-même à y être fidèle.
À retenir
- Pour contourner les biais d’ancrage ou de disponibilité, envisagez deux alternatives à votre décision initiale.
- Contre l’escalade de l’engagement : rappelez-vous que vos échecs ne vous définissent pas.
- Contournez le biais de complaisance en recherchant des avis qui contredisent vos convictions.
- Et si vous êtes sujet(te) aux regrets, balisez le terrain en déterminant des seuils de décision.
Ressources utiles
- Biais cognitifs : l’avis des experts-comptables de PME
- Testez vos biais sur vos biais cognitifs
- Vaincre ses biais cognitifs : les outils de la Harvard Business Review
- L’ouvrage de Daniel Kahneman, Prix Nobel d’Economie : Les deux vitesses de la pensée, Flammarion, 2012
- Le modèle de SEEDS pour déjouer ses biais