Pourquoi les collectifs de freelances séduisent les indépendants et les entreprises

Indépendance et flexibilité : ce sont les deux raisons principales qui motivent les talents à devenir freelances selon l’étude Malt & BCG 2022. En France, près d’un million de personnes ont déjà sauté le pas. Et ce nombre est en croissance constante, le freelancing n’ayant jamais été aussi populaire qu’aujourd’hui.

Malgré ces motivations initiales, beaucoup d’indépendant(e)s font l’expérience de frustrations dans leur vie quotidienne : la solitude, surtout lorsqu’on travaille principalement à distance avec ses clients ; la gestion opérationnelle de son entreprise (gestion administrative, développement commercial, etc), qui ajoute une charge non négligeable ; le fait de ne pas intervenir sur des projets de A à Z ; etc.

Bonne nouvelle : être indépendant(e) ne veut pas forcément dire travailler seul(e). De plus en plus de freelances se regroupent au sein de collectifs pour collaborer ensemble sur des projets globaux, mutualisant ainsi leurs compétences.

Pourquoi ce modèle a-t-il tant de succès ? Est-il l’avenir du freelancing ? Nous en avons discuté avec deux pionnières des collectifs de freelances en France, Louise Racine, co-fondatrice de Lookoom, et Pauline Trequesser, co-fondatrice de Cosme.

Selon l’étude Malt & BCG, 68 % des freelances ont l’habitude de travailler au sein d’équipes composées d’autres freelances. Cela peut être le fait de l’entreprise, qui sélectionne elle-même différents freelances et leur demande de collaborer sur un même projet, mais il peut également s’agir d’équipes de freelances déjà constituées. Ce sont ces équipes qu’on appelle collectifs de freelances.

On parle de collectif de freelances lorsque plusieurs indépendant(e)s décident de se regrouper pour collaborer ensemble sur des missions. Plus ou moins formels, chacun adopte un fonctionnement propre.

Si les premiers collectifs français, comme Cosme et Lookoom, ont été créés en 2017 - 2018, on note une forte croissance dans les regroupements de travailleurs indépendants depuis 2022. Ils sont particulièrement actifs dans les métiers du numérique, que ce soit en développement informatique, en communication, ou en conseil.

Chaque collectif se crée autour d’une spécificité. Il peut s’agir d’un secteur d’activité, le tourisme pour Away We Go ; de compétences spécifiques, le social media pour Lookoom ; d’un positionnement différent, la forme coopérative et l’engagement pour Cosme.

Difficile de répondre à cette question, puisque le collectif de freelances n’est pas un statut juridique ou une organisation spécifique, figée. Chaque équipe crée ses propres règles. Généralement, cette forme de collaboration est organisée de façon horizontale, avec une implication des différents membres dans les prises de décision.

S’il peut commencer de façon informelle, le collectif a vite vocation à se constituer sous un statut précis, ne serait-ce que pour facturer facilement les entreprises clientes. Cela pose alors des questions sur le choix de la forme juridique et sur la gouvernance du collectif.

Du côté de chez Cosme, la forme juridique et la gouvernance du collectif ont également évolués récemment :

Chez Cosme comme chez Lookoom, il existe plusieurs niveaux d’engagement au sein de l’organisation :

• un noyau dur, constitué de 15 - 20 personnes, qui sont les membres les plus actifs du collectif, prioritaires sur les missions et qui évangélisent et développent le collectif,
• un deuxième cercle, constitué d’une centaine de freelances, qui travaillent plus ponctuellement sur des missions clients.

Louise Racine détaille l’organisation de Lookoom :

« Notre noyau dur, qui s’appelle Le Cube, est le cercle d’or du collectif. Il faut postuler pour l’intégrer. Il rassemble une vingtaine de membres. C’est un écosystème convivial, humain et business. Nous connaissons très bien les freelances du Cube, on les voit presque toutes les semaines, ils grandissent avec le collectif. Ce sont des membres très engagés. Ils bénéficient d’avantages : des formations, des propositions de coworking, et l’accès prioritaire aux missions. Grâce à notre connaissance de chaque personne, nous savons identifier celle qui, humainement et professionnellement, correspondra le mieux à chaque client.

En dehors du Cube, nous avons un pool de 200 freelances dans toute la France. On les sélectionne sur leur CV à l’entrée. Nous sommes particulièrement intéressés par des profils un peu différents, qui ont une expérience et des compétences que n’ont pas les membres du Cube. »

Pourquoi les indépendants sont-ils séduits par le modèle du collectif ? C’est une combinaison de plusieurs facteurs.

Pour le freelance, à titre personnel, cela permet de :

• Rompre la solitude qu’on peut connaître en tant qu’indépendant(e). Nous avons tous un besoin naturel d’interactions, qui peut ne pas être comblé lorsqu’on se lance à son compte. Au-delà de collaborer sur les missions, être membre d’un collectif donne la possibilité d’échanger au quotidien avec des personnes qui partagent les mêmes problématiques.
• Monter en compétences. En travaillant avec des expert(e)s aux compétences complémentaires, chaque membre du collectif acquiert de nouvelles connaissances. Surtout que des formations sont organisées dans la plupart des collectifs, pour monter en compétences sur des sujets complexes.

Cela fait également évoluer les missions auxquelles les freelances peuvent prétendre :

• En mutualisant les réseaux des différents membres du collectif, les opportunités de mission sont plus nombreuses.
• En misant sur l’intelligence collective et en agrégeant les compétences complémentaires de plusieurs freelances, les collectifs peuvent intervenir sur des nouveaux projets, de plus grande ampleur, qui n’auraient pas été accessibles à un(e) freelance seul(e). Ce qui peut également découler sur des missions plus rémunératrices.

Le modèle de collectif de freelances vous intéresse ? Vous avez deux solutions : rejoindre une équipe de freelances déjà constituée, ou créer la vôtre avec d’autres indépendant(e)s.

La plupart des collectifs existants disposent d’un site internet, qui permet de prendre contact avec eux. Le modèle devenant de plus en plus populaire, il y a souvent une sélection pour devenir membre du collectif.

Si vous souhaitez être plus impliqué(e) dans le développement d’un collectif, vous pouvez créer le vôtre, en vous regroupant avec d’autres freelances de votre connaissance. Il n’y a pas de règles quant au nombre d’indépendant(e)s à rassembler pour constituer un collectif. Mais rappelez-vous que le noyau dur est généralement compris entre 5 à 20 personnes.

Vous pensez ne pas avoir suffisamment de réseau pour la création d’un collectif ? Certaines entreprises se sont lancées pour faciliter la mise en relation des indépendant(e)s entre eux et mettent à disposition des outils de gestion spécialement dédiés aux collectifs. C’est notamment le cas de Collective.work.

D’extérieur, les collectifs de freelances semblent similaires aux agences. Dans les faits, leurs fonctionnements diffèrent, et les entreprises sont de plus en plus séduites par les regroupements de travailleurs indépendants. 

Les collectifs peuvent répondre à deux types de besoins pour les entreprises clientes :

• « Recruter » pour un poste précis : si l’entreprise n’a pas le poste en interne, ou en cas d’absence prolongée du titulaire du poste, le collectif trouve un(e) freelance qui pourra répondre au besoin.
• Monter des équipes de freelances : pour des projets globaux, le collectif structure une équipe, avec des experts aux compétences complémentaires, pour répondre aux besoins de l’entreprise.

Ce nouveau modèle de collaboration intéresse les entreprises, pour trois raisons principales :

• La transparence Le modèle du collectif de freelances est transparent, contrairement à certaines agences traditionnelles, à la fois vis-à-vis de l’entreprise cliente et du freelance impliqué dans le projet. Le but du collectif est de constituer la meilleure équipe possible pour répondre aux besoins du client, en étant dans une démarche qualitative.
  
  
• L’accès à des profils experts Aujourd’hui, dans beaucoup de métiers, les meilleurs experts sont en freelance. Les entreprises l’ont bien compris. Les collectifs d’indépendants leur facilitent le recrutement de ces meilleurs profils.
  
  
• Le partage de valeurs communes En choisissant un regroupement de travailleurs indépendants plutôt qu’une agence, l’entreprise choisit aussi un modèle agile, porté par des personnes contentes de faire ce qu’elles font, avec des valeurs communes. C’est un choix engagé.

Les collectifs de freelances sont en plein boom. Est-ce la voie d’avenir pour les travailleurs indépendants ? 

Louise aussi est convaincue du rôle à jouer du collectif dans le futur du freelancing : 

Être indépendant(e), sans être seul(e) : c’est toute la promesse des collectifs de freelances. Une promesse qui séduit les indépendants, pour une vie professionnelle épanouie, et les entreprises, pour des collaborations facilitées avec des experts. Nous espérons que cet article vous aura inspiré(e) pour lancer votre collectif, en rejoindre un, ou pour faire appel à une équipe de freelances.

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