ChatGPT et assimilés : quel potentiel en entreprise ?

Un million d’utilisateurs une semaine après son lancement, 100 millions en moins de deux mois : c’est la marque de l’engouement suscité par ChatGPT, l’agent conversationnel développé par OpenAI. Peut-être l’avez-vous testé par curiosité, pour comprendre cette déferlante, ou peut-être attendez-vous d’avoir plus de recul pour vous y mettre. Difficile d’y rester complètement indifférent(e) compte tenu des annonces successives qui sont faites et des incursions de cette nouvelle génération d’intelligences artificielles (IA) dans les unes de titres de presse, sur les réseaux sociaux, etc.

Si certaines de leurs utilisations à titre personnel peuvent être évidentes, qu’en est-il de leur usage en entreprise ? Comme d’autres outils technologiques, ChatGPT et consorts peuvent aider les entrepreneur(e)s et leurs salarié(e)s à gagner du temps dans leur quotidien. La clé : savoir lui poser les bonnes questions, et connaître ses limites.

Spoiler : vous allez le lire dans cet article, mais nous pouvons vous le dire tout de suite. Il faut considérer ces intelligences artificielles génératives comme des assistantes, qui peuvent accélérer certaines tâches, mais qui ne peuvent pas se substituer entièrement à une action humaine.

Comment fonctionnent-elles ? Quels cas d’usage sont intéressants ? Comment créer un bon prompt ? Quelles sont leurs limites ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans notre article.

ChatGPT et les autres outils arrivés récemment sur le marché sont des intelligences artificielles génératives. Cela signifie qu’elles utilisent des contenus existants pour en créer de nouveaux, qu’il s’agisse de textes, d’images, de sons, etc.

Un concept qui n’est pas nouveau. Si le grand public découvre aujourd’hui les IA génératives, on peut en voir les prémices dès les travaux de Claude Shannon, le père de la théorie de l’information, dès les années 1950.

L’IA, proche du niveau de réflexion du cerveau humain ? Si ChatGPT n’est pas considérée comme une intelligence artificielle forte - l’intelligence artificielle capable de raisonner comme un(e) humain(e) - il est possible que son avènement arrive plus tôt que prévu. Geoffrey Hinton, l’un des trois pères fondateurs du deep learning, moteur de l’intelligence artificielle, a d’ailleurs reconnu qu’il était surpris par les développements récents.

Les intelligences artificielles génératives utilisent des milliards de données existants pour produire leurs propres modèles. Elles trouvent la réponse la plus pertinente à la requête en construisant les mots de la réponse les uns après les autres.

Sa réponse semble humaine grâce à l’ensemble des données utilisées pour entraîner l’IA. Chaque nouveau contenu ajouté dans l’outil aide l’IA générative à progresser encore dans son apprentissage. 

Si ChatGPT est la première IA générative aussi marquante à être sortie des laboratoires de recherche pour se faire connaître du grand public, elle n’est pas la seule. Tous les grands noms de la tech travaillent depuis des années sur ce sujet, en grande partie en open source. Ce qui explique pourquoi les sorties de produits se précipitent depuis quelques mois.

Voici quelques exemples :

• Pour la génération de textes : bien entendu, il y a ChatGPT, développé par OpenAI, mais aussi HuggingChat, l’agent conversationnel proposé par Hugging Face, ou encore Bard, développé par Google (pas encore disponible en France).
• Pour la génération d’images : vous avez peut-être vu passer certaines de leurs images, virales, sur les réseaux sociaux. Elles proviennent de DALL·E 2, proposé par OpenAI, ou encore de Midjourney, laboratoire de recherche indépendant.
• Pour la génération de sons : les IA génératives peuvent même proposer des résultats sonores. C’est le cas de MusicLM, projet de Google, ou encore JukeBox, toujours d’OpenAI.

Vous les utilisez peut-être déjà sans le savoir : Google Translate ou Deepl, tous les deux des services de traduction, sont des formes d’IA génératives. Quant aux outils arrivés sur le marché plus récemment, comme ChatGPT et consorts, on note déjà plusieurs cas d’usage en entreprise. Ceux-ci vont largement se développer dans les mois et années à venir, à n’en pas douter.

Comme d’autres outils technologiques existants, les intelligences artificielles génératives permettent d’optimiser les processus de l’entreprise. Cela se traduit sous plusieurs formes : réduire le temps passé sur certaines tâches, étendre les capacités des équipes, même non-techniques, et assister dans la génération d’idées.

Bonne nouvelle : toutes les industries peuvent bénéficier de ces avancées technologiques, de la finance à la construction, en passant par le retail, de même que les différents métiers de l’entreprise : tech, marketing, produit, service client, légal, etc.

Nous ne pouvons pas exposer tous les cas d’usage potentiels, mais voici quelques exemples :

• Amélioration de l’expérience client et salarié
  Les entreprises peuvent utiliser ChatGPT et assimilés pour mettre en place un chatbot qui répond aux clients. Cela libère du temps à l’équipe de support client, qui peut se concentrer sur des demandes plus complexes. Les clients obtiennent également une réponse plus rapide, assurant leur satisfaction. L’usage peut également être étendu en interne, par l’équipe RH par exemple. Le chatbot peut alors être un assistant virtuel, qui répond à toutes les questions des salariés, sans délai.
  
  
• Analyse de données et automatisation de rapports
  L’une des forces des intelligences artificielles génératives est leur capacité à intégrer, traiter et donner du sens à un grand nombre de données. Elles sont capables de détecter des modèles et des tendances parmi celles-ci, puis de les formaliser dans des rapports, digestibles pour les humains. Cela accélère l’analyse des données, et raccourcit le temps pour prendre des décisions éclairées.

En somme, les intelligences artificielles génératives sont d’excellents outils d’assistance pour les humains. Elles permettent aux entrepreneurs et à leurs équipes d’économiser du temps et des ressources. Plus que les remplacer, elles étendent leurs capacités. Elles mettent notamment à disposition d’utilisateurs non techniques des fonctionnalités technologiques puissantes, sans avoir à coder.

Chaque jour qui passe, les cas d’application deviennent plus nombreux, et des outils spécifiques à certaines industries ou certaines fonctions, basés sur les IA génératives, sont développés. C’est par exemple le cas de Copilot, créé par GitHub et OpenAI, qui se présente comme « AI pair programmer », aidant les développeurs en complétant automatiquement leur code informatique.

Pour obtenir des résultats probants sur ChatGPT et autres outils similaires, encore faut-il savoir leur parler efficacement. Cela se traduit par l’écriture d’une demande, appelée prompt. Un bon prompt amènera la meilleure réponse possible à la requête.

Qu’est-ce qu’un bon prompt ? Depuis l’apparition des IA génératives sur le marché, de nombreux internautes ont testé les outils pour comprendre leur fonctionnement optimal. En effectuant une recherche en ligne, vous pouvez trouver des dizaines d’articles et de guides pour « rédiger les meilleurs prompts ».

Sans entrer dans trop de détails, voici quelques informations générales pour bien rédiger votre demande. Gardez en tête que plus votre demande est précise, mieux l’IA vous répond.

Un prompt doit a minima intégrer :

• L’objectif de la requête : pour quoi sera utilisée la réponse ?
• Le format attendu : attendez-vous un article, un plan, des points clés, etc. ?
• Le ton : voulez-vous un contenu formel, informatif, décontracté, etc. ?
• Le contexte : dans quel cadre effectuez-vous cette demande ?
• La cible : à qui s’adresse la réponse ?

Vous pouvez ensuite préciser davantage votre requête, en ajoutant :

• Des limites : si vous souhaitez écrire un article, vous pouvez par exemple définir un nombre de caractères maximum,
• Des mots-clés : si vous attendez de l’IA qu’elle utilise des expressions particulières, vous pouvez les ajouter dans votre prompt,
• Des contraintes : si vous souhaitez écarter certains sujets sensibles de la réponse, vous pouvez indiquer à l’IA de les éviter.

Bien sûr, vous pouvez ajouter d’autres indications pertinentes à votre demande, pour que l’IA comprenne encore mieux le but de votre requête. Vous pouvez par exemple lui demander d’ajouter des citations, des statistiques ou bien des exemples à sa réponse. Plus vous la guiderez finement, meilleur sera le résultat.

L’intelligence artificielle est un sujet de recherche et de développement en cours. Ces IA doivent être considérées comme des aides, qui ne se substituent pas entièrement aux compétences et aux expériences humaines. Les pages d’accueil de ChatGPT et HuggingFace mettent d’ailleurs en garde contre leurs propres limites.

Commençons par les limites techniques des IA génératives comme ChatGPT :

• L’IA peut avoir tort
  Comme les humains, les IA peuvent se tromper. Plusieurs utilisateurs en ont fait l’expérience, l’outil inventant certains concepts ou détails. Impossible de le savoir dans l’outil. Il faut donc toujours vérifier les résultats fournis, en recoupant notamment les sources.
  
  

• Les informations obtenues peuvent être biaisées
  ChatGPT et les autres IA génératives s’entraînent sur des milliards de données. Celles-ci peuvent contenir des biais. Si c’est le cas, l’IA les reproduira dans ses réponses.

Derniers points à garder à l’esprit quand vous utilisez les IA génératives, qui peuvent avoir un fort impact en entreprise :

• Toutes les données partagées avec l’outil sont utilisées pour entraîner l’IA
  Les IA génératives se nourrissent des données partagées avec elles. Il faut donc faire très attention aux informations que vous intégrez dans ces outils. Des entreprises en ont fait l’amère expérience, comme Samsung. Plusieurs employés ont utilisé ChatGPT, pour différents objectifs : vérifier du code, optimiser du code informatique, retranscrire un enregistrement de réunion en notes. Ces données, confidentielles, sont désormais utilisées pour entraîner le modèle de ChatGPT.
  
  
• Il existe un flou juridique sur la propriété intellectuelle
  Quid des droits d’auteur ou de propriété intellectuelle pour les réponses apportées par ChatGPT et consorts ? Que se passe-t-il si l’outil plagie une source ? Des situations qui se sont déjà produites : l’agence de photos Getty Images a par exemple porté plainte contre Stable Diffusion, n’ayant pas donné son autorisation pour que l’IA s’entraîne sur ses images.

ChatGPT et les autres intelligences artificielles génératives arrivées récemment sur le marché commencent à se démocratiser, que ce soit pour des usages personnels ou professionnels. Elles constituent une aide précieuse pour gagner du temps sur certaines tâches spécifiques. N’oubliez cependant pas que leur utilisation n’est pas sans limites.

Quid de l’avenir ? Il est encore trop tôt pour le dire. Certaines (grandes) voix de la tech ont demandé de mettre en pause la recherche sur l’IA, pour appréhender les sujets sociétaux et éthiques qui y sont liés. Certains misent sur l’émergence d’un nouveau siècle des Lumières grâce à l’IA. Quelle que soit la direction, l’intelligence artificielle est là pour rester. Commencer à apprivoiser ses applications en entreprise dès à présent semble être un pari sûr.