Les fraudes comptables sont monnaie courante en entreprise, mais les experts-comptables peuvent les détecter rapidement. Quels sont les enjeux de la détection des fraudes comptables pour la profession ? Comment la réforme de la facturation électronique impacte-t-elle le rôle des experts-comptables ? Qonto vous répond.
Fraude comptable : de quoi parle-t-on ?
Définition et exemples
Une fraude comptable représente la manipulation intentionnelle des comptes d'une entreprise pour donner une fausse image de sa situation financière.
Il existe de multiples cas de fraude comptable. Par exemple :
- le détournement de fonds : il consiste à faire usage des fonds de l’entreprise pour son usage personnel ;
- la fraude à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) : elle consiste à créer de fausses factures pour des produits ou des services fictifs afin de récupérer illégalement la TVA, ou encore à créer une chaîne d’achats pour manipuler des transactions transfrontalières ;
- la surévaluation des actifs : elle consiste à représenter les actifs de l'entreprise à une valeur plus importante que leur valeur réelle pour obtenir des avantages financiers.
Quels impacts sur les entreprises ?
Les fraudes comptables peuvent être dévastatrices pour l’entreprise. Elles entraînent notamment :
- des poursuites pénales pour les individus impliqués et des sanctions additionnelles pour l’entreprise ;
- des pertes financières : l’entreprise peut avoir des amendes ou des pénalités à payer, et subir un manque à gagner considérable ;
- une mauvaise réputation : la révélation d'une fraude comptable peut endommager l’image de l’entreprise auprès de ses clients, de ses fournisseurs et de ses partenaires financiers.
Les effets combinés de ces conséquences peuvent compromettre la viabilité à long terme de l'entreprise.
Le rôle des experts-comptables dans la détection des fraudes
Les fraudes comptables sont souvent commises par des individus au sein de l’entreprise, parfois même au sein de l’équipe de management.
Ces derniers connaissent les systèmes de contrôle interne en place et savent comment falsifier ou dissimuler des documents comptables sans se faire repérer. C’est ce qui les rend si difficiles à détecter.
Les experts-comptables jouent un rôle clé pour détecter et prévenir les fraudes comptables avant qu'elles ne causent des dommages irréversibles. Pour cela, ils doivent :
L’analyse des risques
Qu’il soit interne ou externe, l’expert-comptable doit d’abord évaluer les vulnérabilités comptables de l’entreprise pour anticiper les risques potentiels et favoriser leur détection précoce.
Tous les scénarios doivent être examinés à la loupe. Par exemple :
- la cybercriminalité ;
- la fraude à la facturation ;
- la falsification d’états financiers.
Identifier les points faibles du système comptable et financier de l’entreprise permet à l’expert-comptable de cartographier les risques et de l’accompagner dans la mise en place de mesures de prévention ciblées.
La mise en place d’un contrôle interne solide
L’expert-comptable joue un rôle clé dans la définition et la mise en œuvre du contrôle interne.
Le contrôle interne représente l’ensemble des politiques qui garantissent la fiabilité des informations financières et la conformité avec la réglementation.
En effet, il doit aider l’entreprise à concevoir des procédures anti-fraude qui répondent aux risques identifiés. Il peut s’agir de :
- la mise en place de systèmes d'autorisations de paiement ;
- l’introduction d’un programme de formation pour les collaborateurs ;
- l'utilisation de solutions dédiées pour automatiser et suivre les transactions de manière sécurisée.
L'expert-comptable doit également piloter la mise en place des pistes d’audit fiable (PAF) pour renforcer le système de contrôle interne, en assurant la traçabilité et l'intégrité des informations comptables.
L’audit de fraude
Enfin, l’expert-comptable doit mener des vérifications régulières pour repérer d'éventuelles anomalies. Il s’agit même d’une discipline à part entière, baptisée « forensic accounting ». Elle est exercée par des profils : les juricomptables.
Contrairement à un audit financier traditionnel, qui évalue la conformité des états financiers avec les normes comptables générales, l'audit de fraude se concentre spécifiquement sur la recherche d'indices et de preuves de comportements frauduleux.
Il existe des méthodes spécifiques comme la loi de Benford, qui s’appuie sur des outils statistiques pour repérer des manipulations de données numériques.
En cas de détection d’activité frauduleuse lors d’un audit interne, l’expert-comptable doit :
- documenter en détail toutes les preuves et les anomalies relevées ;
- communiquer les faits à la direction de manière confidentielle ;
- formaliser des recommandations d’actions à entreprendre pour gérer la fraude ;
- coopérer avec les autorités en cas d’enquête.
Si la fraude affecte des rapports financiers publics ou si elle implique des violations de la loi, l’expert-comptable doit par ailleurs rapporter les incidents aux organismes de réglementation ou de surveillance appropriés.
Par exemple, il peut effectuer une déclaration auprès de Tracfin, l’unité de renseignement financier française qui lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme, et la fraude fiscale.
Détection des fraudes comptables : quelles perspectives avec la facturation électronique ?
L’automatisation des contrôles
Les nouvelles technologies révolutionnent déjà la détection des fraudes comptables. Par exemple, des logiciels spécialisés proposent des fonctionnalités qui permettent d’examiner en temps réel les enregistrements pour identifier des comportements suspects, comme des factures dupliquées ou des montants trop élevés.
L’IA promet par ailleurs de devenir un allié précieux dans le renforcement du contrôle interne et de la conformité. En analysant des volumes considérables de données transactionnelles, et en progressant sans cesse grâce à l’apprentissage automatique, elle peut identifier des anomalies qui échapperaient à une analyse humaine traditionnelle.
Ces technologies ne sont pas encore utilisées par toutes les entreprises. Néanmoins, la réforme de la facture électronique, qui entrera en vigueur à partir de 2026, va généraliser la dématérialisation des factures et accélérer la digitalisation de la comptabilité d’entreprise.
Ainsi, la réforme de la facturation électronique va contribuer à l’automatisation de nombreux contrôles anti-fraude qui étaient effectués manuellement auparavant.
Passez à la facturation électronique sans rien faire avec Qonto. Notre logiciel est officiellement immatriculé en tant que PDP (Plateforme de dématérialisation Partenaire), et sera opérationnel dès l’entrée en vigueur de la réforme pour créer, envoyer et recevoir toutes vos factures au format électronique.
L’amélioration de la traçabilité
La facturation électronique permet également une meilleure traçabilité des transactions. Chaque facture générée est transmise de manière électronique ce qui crée un enregistrement numérique qui peut être facilement stocké, récupéré et analysé.
Grâce à cette amélioration de la traçabilité, les experts-comptables et les auditeurs peuvent mieux suivre le flux des transactions, facilitant ainsi la détection rapide des irrégularités ou des anomalies qui pourraient indiquer une fraude.
La lutte contre la fraude, et tout particulièrement contre la fraude à la TVA, est l’un des objectifs affichés de la réforme.
En définitive, la facturation électronique est une avancée majeure pour les experts-comptables. Elle les dote de moyens plus efficaces et plus précis pour détecter les fraudes comptables et renforcer la sécurité financière de leurs clients. De quoi faciliter leur travail au quotidien, et leur permettre de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, comme l’accompagnement stratégique des entreprises.